samedi 19 janvier 2008

Des medicaments dans l'eau que nous buvons

On vient de détecter des traces de bleomycin, un medicament utilisé dans le chimiothérapie contre le cancer et du diazepam, medicament utilisé en psychiatrie. Les Anglais se demandent sur les effets que ces médicaments pourraient avoir chez les femmes enceinte. La contamination viendrait des stations d'épuration de l'eau qui ne sont pas capables d'enlever les médicaments de l'eau. source


Et en France, sommes nous à l'abri? Non, bien au contraire, n'oublions pas que la France est un de plus grands consommateurs de médicaments. On a fait le même constat au début de l'année dernière et on attend la proposition de solutions. En attendant, on peut aider en arrêtant de prendre des médicaments lorsque nous n'en avons pas vraiment besoin.





Nos médicaments polluent l'eau des rivières

Alexandra Echkenazi pour Le Parisien (France)

Le 02-07-2007 (Publié sur internet le 02-07-2007 )




Des chercheurs ont effectué des analyses dans plusieurs cours d'eau. Malgré le passage en station d'épuration, l'eau rejetée contient des résidus des médicaments les plus consommés. Des médecins et des experts lancent l'alerte.


Des poissons qui changent de sexe, des humains qui deviennent résistants aux antibiotiques...Et si c'était la faute d'une nouvelle forme de pollution de l'eau causée par une consommation excessive de médicaments ? C'est en tout cas l'hypothèse de la revue médicale Prescrire qui, dans son dernier numéro, alerte sur cette menace pour l'environnement, études scientifiques à l'appui.


Des analyses effectuéespar desbiologistesdans les estuaires de la Seine, de la Gironde, de la Loire et de l'Adour montrent la présence de molécules pharmaceutiques allant du paracétamol aux médicaments anticancéreux en passant par la pilule contraceptive.


Des résidus détectés dans les cours d'eau


L'origine de cette pollution : les eaux usées remises en circulation par nos stations d'épuration, qui n'ont pas été conçues pour éliminer totalement lesmédicaments.Au contraire, lors du traitement, certaines molécules peuvent être transformées et devenir plus actives...Pour l'instant, les scientifiques n'ont effectué des mesures que dans le milieu naturel. L'eau du robinet n'a pas encore été étudiée à la loupe. On espère que les usines d'eau potable sont plus efficaces que les stations d'épuration..., s'inquiète le docteur Claude Danglot,médecin du travail, ancien hydrologue à la Ville de Paris, selon qui une contamination de l'eau du robinet ne serait pas improbable.


Le principal souci, c'est la pollution de l'environnement. Les quelques mesures effectuées dans l'eau potable sont rassurantes, affirme pour sa part Hélène Budzinski, chercheuse au CNRS, auteure des principales études sur ce sujet.


Les stations d'épuration incapables de les éliminer


Mais comment ces molécules pharmaceutiques se retrouvent-elles dans les eaux usées ? Nous consommons des médicaments qui passent dans nos urines. La réglementation sur le traitement des eaux n'a jamais prévu ce problème. C'est la raison pour laquelle les stations d'épuration n'ont pas été conçues pour les éliminer totalement, précise Hélène Budzinski. Il y a aussi les eaux usées des hôpitaux ou encore les médicaments qui ne servent plus et que l'on jette dans la cuvette desWC. Les antibiotiques utilisés sur les animaux d'élevage constituent une autre source importante de contamination, souligne Hélène Budzinski.


Féminisation des poissons et résistance aux antibiotiques


Les effets sur l'environnement sont connus depuis la publication, en 2003, d'une étude commandée par le ministère de l'écologie. Cette étude montre que la présence de ces substances dans la Seine et le Rhône sont responsables de la féminisation des poissons mâles, alerte Claude Danglot.


Selon le médecin, cette pollution pourrait aussi expliquer les nouvelles résistances à certains antibiotiques. Ces derniers étant de plus en plus présents dans la nature, ils deviennent de moins en moins efficaces sur l'homme, décrypte-t-il.


L'Académie de pharmacie s'inquiète


Le sujet est pris au sérieux par l'Académie de pharmacie qui vient de mettre en place un groupe de travail, «Médicaments et environnement, placé sous la houlette du toxicologue Jean-Marie Haguenoer. Nous sommes en train d'auditionner de nombreux experts. Nous espérons rendre nos conclusions et d'éventuelles recommandations d'ici à la fin de l'année, souligne le spécialiste.


De son côté, l'Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement (Cemagref) a lancé une étude des eaux usées à la sortie d'une vingtaine de stations d'épuration. Baptisé Amperes, ce projet de 2,4 millions d'euros doit évaluer d'ici à fin 2009 l'efficacité des stations d'épuration à éliminer les principales molécules pharmaceutiques détectées dans les cours d'eau.


On pourrait moderniser les stations d'épuration, conclut Hélène Budzinski. Mais l'idéal serait de supprimer la pollution à la source. Il ne s'agit pas d'arrêter de se soigner, mais de consommer moins de médicaments inutiles. Ce serait bon non seulement pour la Sécurité sociale, mais aussi pour l'environnement.
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