samedi 2 février 2008

La pollution électromagnétique des lampes basse consommation sous observation





La pollution électromagnétique des lampes basse consommation sous observation


La mise en cause du rayonnement des ampoules fluocompactes a suscité fin 2007 une levée de boucliers des fabricants, dénonçant le discrédit infondé provoqué par l'étude du Criirem. Alors qu'une société monégasque propose les premiers modèles de lampe à économie d'énergie garantie "basse radiation", l'Ademe a réuni les parties prenantes en vue d'un protocole de mesures commun. Ce banc d'essai, impérativement réalisé courant 2008, vise entre autres à préciser les rayonnements en champ rapproché, à moins de 30 cm de l'usager.


La mise en garde du Centre de recherche et d'information sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) date de septembre 2007 et prend la forme d'une étude de 4 pages, diffusée par voie de communiqué en France et en Espagne, là où l'étude a eu lieu.
Contrairement aux ampoules classiques, les champs électriques détectés autour des fluocompactes allumées atteignent à 20cm entre 180 Volt/mètre (V/m) et 4 V/m pour des puissances allant de 20 à 11 Watts, affirme l'association. Il faut s'éloigner d'un mètre pour retrouver les valeurs types du bruit de fond ambiant. A l'allumage des ampoules, des pics de l'ordre de 100 à 300 V/m ont même été notés. Face à ces champs électriques importants, " susceptibles de gravement perturber les biens et les personnes ", le Criirem déconseille l'utilisation de ces ampoules en tant que lampes de chevet ou de bureau, et demande aux fabricants de remédier à cette électropollution.


Champs contradictoires ?


Pour les syndicats professionnels, ce danger n'existe pas. La fédération européenne des industries des lampes, l'ELC, rappellait ainsi fin septembre 2007 " qu'à [sa] connaissance " les champs émis respectent les seuils d'exposition internationaux en vigueur (fixée à 87 V/m). L'ELC cite à l'appui les résultats d'une étude parue en Suisse en 2004 menée qui, avec des mesures faites à 30 cm des lampes, atteste de l'absence de risque pour la santé des personnes utilisant des ampoules fluocompactes. Une étude reprise le 23 octobre 2007 dans le point de vue de l'Association Française de l'Eclairage (AFE) qui regroupe 1400 usagers professionnels et institutionnels de la filière lumière (médecins, installateurs, détaillants, décorateurs, fabricants, fonctionnaires, etc.).



" C'est exact, confirment les experts du Criirem, sauf que ces mesures sont incomplètes et ne prennent pas en compte les rayonnements situés entre 1 et 10 MégaHertz, où se situent le gros des rayonnements que nous avons relevés. " A ces fréquences, les normes européennes deviennent plus sévères, limitant à 28 V/m l'intensité des émissions électromagnétiques applicables pour la santé. " Pourquoi l'étude suisse citée par les industriels ne mesure que les fréquences comprises entre 30 et 60 kHz, et ne dit rien sur les rayonnements MégaHertz ? "
Selon le Criirem, une autre directive européenne est aussi dépassée. Celle relative à la compatibilité électromagnétique des équipements électroniques et électriques (2004/108/CE), censée prévenir les dysfonctionnements des matériels exposés à des rayonnements supérieurs à 3 V/m, voire 10 V/m dans le cas des appareils médicaux. " Nous sommes pour les lampes basse consommation à économie d'énergie, précise la présidente du Criirem Michèle Rivasi, mais on ne peut tout de même pas reprocher à une association d'informer le public et les consommateurs de l'existence d'un problème de pollution électromagnétique qui les concerne et les touche directement ! "


Banc d'essai élargi


Le 27 novembre dernier, l'ADEME a provoqué une réunion entre le Criirem et des représentants de l'AFE et du Syndicat de l'Eclairage, ainsi que l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET). Objectifs : sortir de la polémique et s'accorder sur un protocole commun, partagé et préalable à une nouvelle campagne de mesures... Cette fois plus représentative des ampoules et fabricants présents sur le marché. " Toutes les lampes testées par le Criirem n'étaient pas mauvaises. Certains modèles étaient en dessous des seuils admis, sauf que l'on ne sait pas précisément lesquels. Le Criirem n'a pas voulu communiquer ces données, " regrette Hervé Lefevbre, expert éclairage à l'ADEME et membre du conseil d'administration de l'AFE.

La principale difficulté relevée par l'ADEME est que les mesures de l'éclairage débutent à 30 cm. Et pas en dessous. En champ rapproché, il n'a jamais été prévu de faire des mesures. " Les méthodologies existantes pour mesurer les autres sources de champs électromagnétiques sont tres pointues. L'AFSSET y travaille et doit nous proposer un protocole sous peu. Nous devrions pouvoir refaire les mesures et avoir les réponses en 2008, " poursuit Hervé Lefèbvre.


Péril européen ?


" Ce problème de santé publique ne fait pas partie des missions de l'ADEME, mais de celles de l'AFSSET, souligne l'expert. Cependant, dès lors que l'Ademe doit faire la promotion de ces produits, encore faut-il que l'on soit certain du bien-fondé des ampoules fluocompactes et de leur absence de danger. On peut difficilement soutenir la fin des ampoules à incandescence s'il existe un risque potentiel. Pour nous, il est est urgent de le savoir. " La question est en effet d'autant plus cruciale que l'une des études issues de la directive européenne Energy Using Product (EUP, votée en 2005), indique que "les industriels ont déjà fait des propositions en ce sens, avec un calendrier d'application. "

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